IL FAUT QU'ON PARLE NON ? (APPLE)

Pourquoi avait-il réagi de la sorte ? Erwin se le demandait alors qu'il prenait une fléchette avant de la balancer sur un tableau. Pas n'importe lequel ! En effet, il s'agissait d'un tableau avec le visage de son paternel... C'était l'une des preuves de la haine cordiale qu'il éprouvait à l'égard de son père depuis que celui-ci l'avait banni de la famille Rothschild juste parce qu'il avait été négligeant... Même si cette négligence avait failli coûter à la vie de sa sœur jumelle, ce qui était en soi un incident fâcheux mais il ne méritait pas une telle punition. Il va de soi que le fait d'être à ce point éloigné de sa jumelle, ça avait le don de le mettre dans des états assez horribles comme ce soir. Et il commençait à se dire que son accident en Cologne, c'était probablement dû à ce genre d'absence malheureuse parce que d'ordinaire, il était toujours serein sur sa bécane et il exécutait les « tricks » les plus compliqués et les plus dangereux possibles. D'ailleurs, rien que le fait de penser à cette compétition, il ne retrouvait pas cette sérénité qui faisait de lui l'un des riders les plus talentueux, les plus imprévisibles du circuit. Fin bref, il avait demandé à Apple de le rejoindre chez lui pour qu'ils puissent discuter parce qu'il s'en voulait un peu de s'être emporté de la sorte alors que la jeune femme avait simplement fait une blague, ce qui avait bousillé son invitation VIP pour le Night of Jumps de Cologne... Cette compétition était tellement spéciale pour Erwin, donc il ne pouvait plaisanter là-dessus. Qu'importe, il se cala dans son canapé et il attendit que la brunette arrive.

J’avais voulu rigoler un peu ave Erwin, l’appelant étranger alors que je n’avais pas eu de nouvelles de lui pendant un petit moment. Cependant, il n’avait pas pris la chose comme je l’aurais pensé. Nous ne nous connaissions pas après tout puisqu’à part quelques parties de jambes en l’air, nous n’avions jamais pris le temps de faire connaissance. Je ne prenais jamais le temps de le faire car tous les hommes qui couchaient avec moi n’étaient que de passage en général. Mais il fallait bien avouer que j’avais tout de même envie de le connaitre un petit peu et son invitation à l’accompagner à Cologne m’avait fait grandement plaisir même si nous avions échangés quelques sms assez virulents avant qu’il ne me propose de venir chez lui pour faire plus ample connaissance. D’ordinaire, je ne le faisais jamais, je ne perdais pas mon temps à essayer de connaitre un homme, mais j’avais fini par accepter de le retrouver chez lui pour voir ce qu’il avait à me dire. Je savais à présent qu’il avait tout de même eu un grave accident, dans cette même ville qui allait retrouver prochainement. Il avait eu le courage de remonter sur une motocross et surtout de s’entraîner comme un acharné pour pouvoir faire ce qu’il aime le plus. C’était tout à son honneur, moi je pense que je serais restée bien sagement au sol. J’ai tout de même hésité à accepter, car j’avais bien vu qu’il s’était emporté pour ma simple blague et j’avais tout de même un peu peur qu’il soit du genre colérique. Un mot et tout pouvait partir bien loin. Je soupire et c’est vêtu de mon jean boyfriend un peu troué et de mon pull rose que je récupère mes affaires pour aller le retrouver après avoir reçu son adresse par sms. Je ne mets pas longtemps à arriver en uber. Je salue le conducteur et sort de la voiture pour finalement arriver devant la porte de chez Erwin. Je frappe et n’attends pas bien longtemps avant de voir le jeune homme ouvrir la porte Salut ! lance-je alors en attendant qu’il me fasse entrer.

C'était bien la première fois que le français réagissait de la sorte mais on va dire qu'il n'avait guère envie de rire en ce moment. Tant de choses se bousculaient dans son esprit dont cette compétition importante qu'était le Night of Jumps de Cologne. S'il avait proposé à Apple de l'accompagner là-bas en Allemagne, c'était parce qu'il en avait envie... Intérieurement, il n'arrivait pas à redescendre suite à cette petite dispute par sms qu'ils venaient d'avoir. C'était inutile au possible mais il était parfois sujet à de la susceptibilité surtout lorsque sa blessure était évoquée. Il ne pourrait jamais se remettre de cette chute quasi-mortelle et depuis ce moment-là, il avait tellement de mal à rester concentré sur sa motocross, quand bien même il participait toujours aux compétitions du World Tour. Bien entendu, il avait toujours cette volonté de devenir le Champion du monde et de gagner les X-Games en Freestyle sauf qu'il n'arrivait plus du tout à réaliser des figures impossibles. C'était sa spécialité avant son grave accident, alors qu'aujourd'hui, c'était clairement sa faiblesse... Fin bref, la jeune femme venait d'arriver chez lui et il vint l'ouvrir rapidement. « Bonsoir ! Vas-y entres ! Fais comme chez toi. » dit-il en s'effaçant légèrement pour qu'elle puisse entrer chez lui. Sa colocataire n'était pas présente ce soir et ça l'arrangeait un peu. « Tu veux quelque chose à boire ? »

Erwin n'arrivait toujours pas à comprendre pourquoi il avait réagi de la sorte, mais il était beaucoup plus calme maintenant. Il avait hâte de voir la jeune femme afin qu'ils puissent régler ce petit problème, qui avait engendré cette « pseudo » dispute par sms. Ça le dérangeait un peu d'en être arrivé là parce que ce n'était pas du tout son genre mais ça prouvait qu'il ne la considérait pas comme ses amantes en général. Elle devait probablement être spéciale à ses yeux mais pour l'heure, il n'avait pas vraiment les mots pour expliquer ce qu'il ressentait réellement. De toute façon, il ne parlait jamais de ce qu'il ressentait parce qu'il détestait ça tout simplement. Fin bref, il l'accueillit avec un sourire tout en l'invitant à entrer à l'intérieur de son appartement. Il lui proposa quelque chose à boire et sa réponse ne put que le faire rire légèrement. « D'accord, je vais te faire goûter un petit cocktail que j'ai créé moi-même. » répondit-il malicieusement avant de hocher les épaules lorsqu'elle lui dit que son chez-lui était sympa. « Tu n'as rien vu encore. Et non, j'ai une colocataire. Elle doit être chez une de ses potes ce soir. ». Sur ces mots, il partit chercher la fameuse bouteille de ce petit cocktail qu'il avait distillé quelques mois plus tôt. Il revint auprès d'elle quelques instants plus tard, et il vit qu'elle était en train de regarder attentivement quelque chose... Il s'agissait de sa carte d'identité française...